Et si on formait les élèves à être attentifs ?
Entretien avec Marie Legrand Gallien
PHD, coach et consultante certifiée Funny Learning et DISC 4Colors
FORTS ENSEMBLE, Intelligence relationnelle et apprendre à apprendre - Suisse
Et si on formait les élèves à être attentifs ?
Régulièrement, on peut entendre des enseignants regretter le manque d’attention de leurs élèves et ce quel que soit leur âge ? Qu’en pensez-vous ?
C’est vrai mais la chose n’est pas nouvelle. Cependant la pression sur les enseignants et les parents est toujours plus forte. Nous désirons si ardemment que nos enfants réussissent et notre société veut que leur réussite passe d’abord par l’école. Alors, on cherche des explications d’un point vue psychologique, comportemental, familial. Parfois, on accuse la télévision et le zapping, l’introduction des nouvelles technologies avec lesquelles tout est à disposition partout et à tout moment, et au final nous pointons la responsabilité de l’élève. Certes la responsabilité de l’élève est engagée car lui seul peut être attentif. On ne peut l’être à sa place. Néanmoins, celle de l’enseignant est grande puisqu'il a à créer les conditions didactiques, pédagogiques, matérielles qui vont faciliter l’attention de l’élève mais aussi et surtout parce qu’il a à informer l’élève sur le COMMENT être attentif.
Comment fait-on pour être attentif ?
L’enseignant doit renseigner l’élève sur le COMMENT mais bien souvent il ne sait pas lui-même comment faire exactement pour être attentif. Pourquoi? Parce qu’en tant qu’ancien «bon» élève qui a su s’adapter au système scolaire, il a été attentif en classe spontanément sans même y penser. De ce fait, l’enseignant est démuni pour donner des conseils opérationnels à ses élèves. Quand il le fait, ses tentatives ne produisent pas les effets escomptés car elles restent centrées essentiellement sur des attitudes formelles que les élèves en revanche connaissent bien. Ils savent dire par exemple que pour être attentifs, il faut regarder la personne qui parle, ne pas discuter à son voisin, être bien assis, ne pas toucher à ses crayons etc. Mais il y a un gouffre de performance entre ces attitudes formelles d'attention et l'attention elle-même.
Concrètement, que peut-on faire ?
Concrètement ? Préoccupons-nous de savoir si les élèves comprennent ce que signifie : "Sois attentif !", "Fais attention !", «Concentre-toi!" et si nous-mêmes enseignants, nous savons exactement ce que cela exige d’eux. Ces questions ne doivent plus rester sans réponse comme si être attentif relevait uniquement de la bonne volonté de l’élève. Apprenons des neurosciences, formons-nous, adaptons notre pédagogie! Chacun, élève et professeur, a tant à gagner à s’intéresser au COMMENT pour développer la confiance en soi, la facilité, la rapidité, l’efficacité à être attentif.
Avec un SAVOIR ÊTRE ATTENTIF, l'attention devient soutenue et sélective.
Elle devient CONCENTRATION
Qu'est-ce qui vous surprend, lors de vos ateliers sur l'attention ?
Comme à chaque fois, j’ai été troublée et émerveillée par l’intérêt que les élèves portent, dès leur plus jeune âge, à la découverte de leurs préférences méthodologiques pour Mieux Apprendre. Durant cet atelier, ATTENTIFS ils l’étaient! Concernés en tout premier lieu, les enfants ont partagé leurs meilleures pratiques, se demandant si l’on peut être attentif la bouche ouverte? si l’on doit avoir nécessairement le dos droit ou les pieds bien à plat au sol? s’il convient d’avoir les bras croisés? etc. Puis seuls, à partir des activités proposées, ils ont découvert et mis en évidence avec leurs mots l’ensemble des caractéristiques du geste d’attention sous le regard impressionné de leur professeur resté en observation.
Restons exigeants et bienveillants ! Exigeants parce que nous avons confiance en la potentialité de nos élèves et bienveillants parce nous sommes attentifs à leurs préférences méthodologiques, parce que nous les impliquons dans de vrais projets qui ont du sens pour eux et enfin parce que nous leur donnons les moyens de comprendre COMMENT FAIRE, à commencer … par l’Attention.
Il n'existe pas d'élève qui n'a pas envie de réussir.