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Funny Learning

Neuromythes et formation :  On en fait quoi ?

Neuromythes et formation : On en fait quoi ?

À vrai dire, tant d’articles ont été écrits au sujet des neuromythes, parfois de manière assez opportuniste, qu’il ne nous paraissait pas indispensable d’intégrer cette section à la 3 eme édition du livre Funny Learning.

Dans la course folle aux publications, le publish or perish règne entrainant dans son sillage une « crise de la reproductibilité». Un tiers des résultats des études en sciences sociales seraient ainsi impossibles à reproduire et donc potentiellement erronées, y compris celles publiées dans des revues aussi prestigieuses que Science ou Nature4.

Alors que nous ne connaissons qu’1% du cerveau, les débats font rage entre spécialistes. Dans cette série, le livre « le bug humain » de Sébastien Bohler, titulaire d’une thèse en neurobiologie sur les récepteurs neuronaux impliqués dans la dépendance à la nicotine, se voit reprocher l’absence de retenue dans ses conclusions et des hypothèses évolutives hasardeuses

Les discussions dans la communauté scientifique battent leur plein, en attendant de nouvelles recherches qui viendront confirmer ou infirmer cette dernière…

Nous vous proposons de passer en revue 10 neuromythes prévalents et reconnus. Certains sont vieux, et persistants. Quelle en est leur origine ? Sont-ils faux ? Imprécis ? Justes non démontrés ? dangereux ? Et surtout qu’elle réponse est apportée dans la pédagogie Funny Learning ?

 

Comment naissent et se propagent les neuromythes ?

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il est intéressant de noter, contrairement aux idées reçues, les trois principales sources de propagation. Elles ont été relevées lors d’un sondage auprès de 1000 enseignants. Voici le trio gagnant :

  1. Par le biais des formations universitaires (38.8%),
  2. Parce que cela semble logique (38.6%) et
  3. Parce qu’elles s’observent dans la pratique (35%)

Ces neuromythes ont fait l’objet de nombreux scoops. Pourtant en découvrant leur prévalence dans des publics d’enseignants révélée par l’Association for Research in Education, nous avons été convaincus que nous devions à notre tour faire notre part de colibri…

Voici donc un petit quiz qui vous permettra de vous situer et peut-être vous étonner en lisant les réponses ci-après :

Réponses

 

Neuromythe#1 Cerveau gauche, cerveau droit ou la dominance hémisphérique :


Vous avez peut-être entendu dire : « Tu vas voir, c’est un gros cerveau gauche ! » Ce cerveau gauche serait logique et rationnel, tandis que le cerveau droit serait plus créatif et intuitif. Imaginez pour reprendre l’image donnée par John Médina, un bateau naviguant sur une seule de ses coques ! Nous avons besoin de nos deux hémisphères cérébraux pour assurer toutes les tâches effectuées par le cerveau. Pour remonter à la source de ce mythe, c’est en 1844 qu’il nait avec le médecin Arthur Ladbroke Wigan. Ce dernier évoque deux hémisphères cérébraux fonctionnant et pensant indépendamment l’un de l’autre. Cette idée séduisante est ensuite popularisée par l’écrivain Robert Louis Stevenson (1886), auteur du très célèbre « L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde ». La réalité est plus complexe. En 2013, l’étude(Nielsen 2013) permet d’analyser les IRM fonctionnels de 1000 personnes. Elle amène la conclusion que les données sont incompatibles avec cette théorie. En effet, le « cerveau droit » et le « cerveau gauche » sont les composantes d’un système cognitif plus vaste comprenant des structures corticales et sous-corticales, lesquelles interagissent pour produire une unité de pensée et d’action. Une étude réalisée en 2019[1] montre bien une spécialisation avec quatre groupes de fonctions latéralisées : la communication symbolique à gauche, la perception/action et les émotions à droite et la prise de décision dans le lobe frontal, et plus particulièrement le lobe frontal droit. Vous rencontrerez surement des personnes très créatives ou logiques, mais cela n’est pas dû à une suractivation d’un hémisphère en particulier.

La réponse du Funny Learning 

En l’absence de catégorisation cerveau gauche, cerveau droit, nous vous proposons dans le Funny Learning de parler à tous les cerveaux ; par exemple en énonçant les objectifs pédagogiques d’une capsule de manière claire et logique tout en incitant dans votre consigne de jeu, les apprenants à être créatifs

 

Neuromythe#2 Exercices de coordination ou Brain gym® :

De courtes séances d'exercices de coordination  amélioreraient l’intégration des fonctions des hémisphères gauche et droit du cerveau.

Le Brain Gym®, a été créée par Paul et Gail Dennison. 26 exercices de coordination s’appuyant sur la théorie de la latéralité ou la focalisation, comme toucher cheville gauche avec la main droite, sont proposés afin d’améliorer la communication entre les 2 hémisphères. Ils favoriseraient la concentration, la mémoire, les compétences académiques, ou encore les capacités organisatrices[2] avec un résultat concret et mesurable sur les résultats des élèves. Présente dans 87 pays, la Brain Gym® est relativement répandue en Grande-Bretagne, en Australie et connue sous le nom de kinésiologie éducative en France. Or, seuls des articles parus dans la revue Brain gym viennent corroborer ces affirmations[3]. Aucune recherche indépendante n’a testé les effets. Si elle est fortement diffusée, la Brain Gym® ne s’appuie pas sur des fondements théoriques validés par la communauté scientifique. Si elle rencontre autant de succès (55% des enseignants britanniques l’utilisent toujours), il n’en reste pas moins que bouger son corps permet au sang de mieux irriguer son cerveau en oxygène, ce qui est évidement une bonne chose  Steve Masson évoque « La brain gym n’est pas nocive pour les élèves. Là où j’accroche c’est quand des petits exercices sont brevetés et se vendent sur la base d’une efficacité non prouvée » Etude Spaulding, Mostert et Beam (2010).

 

La réponse du Funny Learning 

En l’absence de preuves en faveur du Brain Gym®, continuons gratuitement… de proposer de courtes capsules pour casser les rythmes de séquences trop longues ou remettre en énergie, et surtout en début d’après-midi. 70 capsules permettent ainsi de faire bouger les apprenants, puisque « c’est par le corps que le cerveau élabore ses propres cartes heuristiques[4]. Une pratique joyeuse et dynamisante appréciée des apprenants.

 

Neuromythe#3 Les styles d’apprentissage (VAKO)


La prise en compte des styles d’apprentissage aide-t-elle vraiment à mieux apprendre ? On retrouve cette croyance selon laquelle il existerait 3 styles d'apprentissage : visuel, auditif, kinesthésique.

Ce concept, se base sur un modèle théorique du neurologue Raymond Lafontaine, en 1975, selon lequel le cerveau de certains individus serait optimisé pour recevoir de l'information selon une de ces trois modalités. Ce modèle très apprécié des enseignants a abouti à des méthodes pédagogiques différenciées prenant en compte le profil cognitif des individus. Cependant, depuis ce temps, loin de se cantonner à 3 styles de nombreux autres profils d’apprentissage ont été mis à jour comme Cofield et al qui en a dénombré plus de 70[5] ! Le modèle prévalent reste cependant celui du VAK (Visuel, Auditif et Kinesthésique), la vue, l’ouïe et le toucher étant principalement sollicités dans les de nouvelles informations. Les études menées par Masson en 2015 ou Rogowshy sur le visuel ou auditif[6], montrent bien des préférences mais ces différences semblent minimes. Les preuves ne permettent donc pas d’affirmer que tenir compte des styles individuels d’apprentissage en fonction du VAK soit efficace[7]. Il y a cependant un accord général pour dire qu’il faut adapter ses enseignements. D’ailleurs une étude montre que les enseignants persuadés qu’il existe des styles d’apprentissage font plus d’efforts pour adapter leur pédagogie[8]. Steve Masson évoque « L’intention est très bonne, car varier les modalités de présentation, c’est plus efficace pour tout le monde ». Il est donc temps d'abandonner ce neuromythe au profit d'une pédagogie plus variée, qui ne met pas les élèves dans des catégories réductrices (visuel, auditif, cerveau gauche, cerveau droit, etc.) qui, peuvent biaiser la perception qu’un élève se fait de lui-même en tant qu'apprenant.

 

La réponse du Funny Learning 

La pédagogie Funny Learning, propose ainsi de mettre des couleurs non pas en catégorisant les apprenants, mais en alternant les différentes séquences pédagogiques au cours d’une même journée :

  • Rouge pour énoncer l’objectif, dynamiser, mettre au défi, se centrer sur les résultats
  • Jaune pour créer des interactions, échanger, co-créer, faire jouer et prendre du plaisir
  • Vert pour favoriser l’attention, observer, faire du lien, assimiler, et potentialiser à long terme
  • Bleu pour comprendre, structurer, favoriser la métacognition et mémoriser

 

Neuromythe#4 : On utilise seulement 10% de notre cerveau

Voici bien une légende dont il est difficile de retrouver l’origine ! Il est possible que le mythe se soit nourri de travaux scientifiques, comme ceux du psychologue Karl Lashley qui avait conclu à tort que le cortex cérébral était indifférencié et n’avait donc pas de fonction spécifique ou le fait que lorsqu’un très grand nombre de neurones ont une activité synchrone, cela est le signe révélateur d’une crise d’épilepsie[1].

 

On ne sait pas d’où vient ce neuromythe, mais on sait que la littérature et le cinéma ont largement propagé l’idée de devenir tout puissant en libérant 90% de ce cerveau. C’est ce qui arrive à « Lucie[2] » dont le cerveau se met à exploser ! Il est probable que cela s’appuie sur l’observation de l’activité du cerveau grâce à l’imagerie. S’il est vrai que toutes les zones ne s’activent pas en même temps, on observe un ensemble de zones utilisées de manière intermittente mais interconnectée[3]. Tout le monde utilise donc bien la totalité de son cerveau pour marcher, parler, penser, rire, jouer, apprendre…

 

La réponse du Funny Learning 

Et puisque l’on n’a jamais trouvé d’image qui montre l’activation de toutes les zones en même temps, proposons à nos stagiaires de prendre plaisir à apprendre chaque jour de leur vie, et leur cerveau n’en sera que mieux activé !

Lire la suite des neuromythes

  • Neuromythe#5 Les intelligences multiples 
  • Neuromythe#6 Les 3 cerveaux 
  • Neuromythe#7 Le cerveau est multitâche 
  • Neuromythe#8 Le cerveau des femmes / hommes est différent

    Neuromythe#9 Le cervelet 

    Neuromythe#10 La pyramide d'apprentissage de Dale
     
  • [1] https://lejournal.cnrs.fr/nos-blogs/aux-frontieres-du-cerveau/neuromythes-le-mythe-des-10
  • [2] Film de Luc Besson
  • [3] https://www.youtube.com/watch?v=sIr9W_0wRh4

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