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Les émotions, interface entre notre corps et notre cerveau

Les émotions, interface entre notre corps et notre cerveau

Les émotions sont vitales, elles nous permettent de nous adapter dans un monde en changement. Les émotions entretiennent en permanence un dialogue entre notre cerveau, notre corps et notre environnement. On s’intéresse depuis longtemps à l’expression faciale des émotions qui est universelle, ce qui renforce bien l’idée d’un système de communication important dans les relations. Comprendre les relations corps-cerveau ouvre de nouvelles voies de compréhension. Henrique Sequeira, professeur en neurosciences affectives à l'université de Lille indique que « les émotions sont une véritable interface entre le cerveau et le corps ». Elles ne sont jamais anodines pour le corps car elles induisent des réactions musculaires, hormonales, neurologiques et immunitaires : des messages adressés à notre cerveau.

 

Selon nos préférences comportementales, nous avons tendances à adopter face à des stimuli différents, des réponses identiques et habituelles : pour contrer les sentiments désagréables, (états affectifs complexes élaborés par notre mental, qui émergent avec l'émotion) certains vont marcher et faire les cent pas ou se laissent déborder par la colère, tandis que d'autres rentrent dans leur coquille et se rongent intérieurement... En effet, certaines émotions et sentiments activent notre système sympathique (notre accélérateur) et nous poussent à agir en augmentant notre activité cardiaque, respiratoire et notre température. Par exemple colère, agacement, joie ou bonheur. D’autres émotions, en revanche, comme la frustration, la tristesse ou le soulagement, activées par le système parasympathique (notre ralentisseur), produisent l’effet inverse, en ralentissant notre rythme et en réduisant notre température.

 

« En avoir plein de dos », avoir « la trouille au ventre », « se faire de la bile » « avoir les reins solides », sont autant d’expressions qui nous révèlent la relation étroite entre nos émotions et notre corps. Lorsque nous sommes fiers, tristes ou heureux, nous éprouvons des sensations corporelles localisées dans des zones spécifiques de notre corps. Nous en avions l’intuition avec ce rouge qui monte aux joues (morts de honte), ou avec cette douleur intense qui oppresse la poitrine en cas d’anxiété. Les neurosciences nous permettent désormais d’en établir une cartographie plus précise.

 

NB : On constate que le bonheur est l’émotion qui irrigue le mieux tout le corps. C’est dans cette émotion que nous apprenons le mieux : c’est le parti pris de la méthode d’apprentissage Funny Learning : pilier 6

 

Des chercheurs des Pays-Bas (1) se sont intéressés à l’activité musculaire présente dans le corps lors de la peur ou de la colère. Ils ont montré qu’il existe une séquence d’activation particulière liée à chaque émotion, ce que Lucy Vincent (2) nomme une « musculographie » des émotions. Par exemple, les muscles des avant-bras se contractent plus lors de la colère alors que ce sont plutôt ceux des mollets lors de la peur. Et, plus étonnant, ce sont les mêmes muscles qui s’activent lors de la perception des mêmes émotions, sans qu’il y ait mouvement. Dans le cas d’une émotion vécue, ces patterns d’activation musculaire correspondent à des postures qui vont informer le cerveau sur un vécu émotionnel, une boucle corps-cerveau. Il y a donc un langage émotionnel du corps.

 

 

Figure 5 (d’après Huis In ‘t Veld et al., 2014)

Le système de codage du corps (Body Action Coding System) pour l’expression des émotions. Vue schématique des muscles impliqués dans l’expression de la peur et de la colère. Les muscles impliqués dans l’expression de la colère sont indiqués sur la gauche en violet ; ceux impliqués dans l’expression de la peur sont indiqués sur la droite, en vert. Une couleur plus foncée correspond à une plus grande participation. La position des électrodes est indiquée en rouge.

Apprivoiser ses émotions :

Il est rare d’entendre une personne avouer qu’elle a peur (surtout dans le monde professionnel) et fréquent qu’une autre en pleurs s’excuse et parte se cacher.  Car l’émotion est honteuse (un grand, ça ne pleure pas). Pour apprivoiser l’émotion, il suffit pourtant de 3 minutes pour se brancher sans jugement sur les sensations provoquées par nos émotions et observer ces grands courants qui traversent le corps sans s'y opposer. La recette semble simple : boule au ventre, souffle coupé, étau qui se resserre, sont autant de sensations qu’il suffit d’accueillir et de décrire pour se sentir apaisé. Le Dr Stéphanie Hahusseau, psychiatre, engagée dans des recherches au CNRS, explique ce pouvoir thérapeutique de l'acceptation de l'émotion par la dualité de notre système sympathique et parasympathique.

Accepter l’émotion, observer sa respiration, lâcher prise et se laisser aller à pleurer mobilisent notre système parasympathique. Au contraire, évoque la psychiatre, si l’on tente de dominer, nier et repousser l’émotion, on est pris dans un système antagoniste entre “vouloir” (qui stimule alors le système nerveux sympathique et déclenche le stress) et “calmer” qui relève du système parasympathique.

Apprendre à s’écouter, se centrer sur ses sensations physiques, nommer ses émotions, et les accepter avec bienveillance n’est pas chose aisée car nous ne l’avons pas bien appris. Devenir observateur sans juger et sans s'opposer nécessite un « apprentissage ».

Ce chemin est nécessaire à tous ceux qui accompagnent les changements, coachs, formateurs ou managers.  En réduisant le stress, cela permet d’oser sortir de sa zone de confort, de faire des choix cohérents et renforcer l’estime de soi.  Le 9 eme festival de l’innovation pédagogique explorera cette année différentes approches disruptives pour oser s’aventurer, grandir et se faire plaisir en zone d’inconfort.

Dans l’article suivant, vous découvrirez sous l’angle des neurosciences, le fonctionnement du cerveau en zone de confort, d’inconfort et de panique

 

Karine Bressand , Dr en neurosciences et coach et Brigitte Boussuat , auteure et spécialiste de l’accompagnement du changement

 

  1. Elisabeth M. J. Huis In ‘t Veld, Geert J. M. van Boxtel and Beatrice de Gelder. « The Body Action Coding System II: muscle activations during the perception and expression of emotion » Front Behav Neurosci. 2014; 8: 330.
  2. Lucy Vincent. « Faites danser votre cerveau ! ». Odile Jacob, 2018
  3. Festival de l’innovation pédagogique

 

 

 

 

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